Regards 1/2 : les premiers usagers du Quartier de l’Étang

22 février 2024

Regards 1/2 : les premiers usagers du Quartier de l’Étang

5 ans après la pose de la première pierre, le plus grand projet immobilier privé de Suisse, le Quartier de l’Étang, est bel et bien achevé. Situé entre l’aéroport, la route de Meyrin et l’autoroute, l’écoquartier verniolan est une ville dans la ville où tout peut se faire à pied. Alors que ses 2 500 habitants ont emménagé, que ses commerçants s’y installent progressivement, comment vit-on dans ses tout nouveaux îlots et ses venelles arborées ? Quels regards portent les usagers sur les solutions pensées par ses développeurs et mises en place par ses constructeurs ? Acteur de premier plan, Urban Project SA a rencontré celles et ceux qui ont participés à la naissance d’une vie de quartier, aux portes de Genève.

Emménager dans un nouveau quartier : une opportunité rare en Suisse

« On a tout de suite compris que ça allait être une ville dans la ville»

« En emménageant ici, on s’est dit : on va joindre l’utile à l’agréable » Les concierges de l’îlot L’Édifice, Soner Yilmaz et Paula Duarte, dans leur appartement respectif. © Soner Yilmaz © Paula Duarte

Paula Duarte et Soner Yilmaz habitent le Quartier de l’Étang. Engagés comme concierges par Gérofinance-Régie du Rhône, c’est à travers elle qu’ils découvrent en 2017 le projet immobilier en cours de construction. « On a tout de suite compris que ça allait être une ville dans la ville. En emménageant ici, on s’est dit : on va joindre l’utile à l’agréable », se souviennent-ils. Le quartier prévoit notamment une école, une crèche et 1 100 logements pour 2 500 habitants. 4 ans plus tard, les deux concierges s’y installent et, vite, prennent en main leur mission. Accueillir les locataires de leur îlot et suivre le planning des camions millimétré. « Comme c’était une première pour tout le monde, racontent-ils, chacun y a mis du sien et ça a créé du lien tout de suite ».

Le premier établissement La Panière en Suisse

Pascal Cantenot, PDG et fondateur de La Panière, une enseigne française créée il y a 30 ans, a choisi d’installer un premier établissement en Suisse au Quartier de l’Étang. « Les promoteurs du Quartier de l’Étang sont venus nous chercher, c’était une belle opportunité. J’avais déjà regardé il y a quelques années, mais il n’y a pas beaucoup de construction neuve en Suisse et faire une implantation commerciale dans l’ancien c’est compliqué. Il faut pouvoir adapter le bâtiment aux besoins spécifiques de l’activité, pouvoir percer un mur ou demander des évacuations particulières ». Depuis l’enseigne aouvert un second établissement à Genève, dans le Quartier des Charmilles. L’atelier central de la chaîne de restauration se trouve à Aix-les-Bains. Le pain à pâte crue y est préparé. Mais c’est dans les Tea Rooms qu’il est cuit et que sont composés les salades et sandwichs.

Le cadre de vie à l’écoquartier de l’Étang

« Le côté écologique, on en est fier et on est content de la sécurité qui va avec ».

Ville dans la ville, le Quartier de l’Étang séduit par son cadre de vie exceptionnel. Certifié Quartier-SNBS (Standard de la construction durable en Suisse), il limite les émissions de gaz à effet de serre et favorise la mobilité douce avec ses 2 arrêts de bus, ses parkings souterrains mutualisés et ses 1 748 mètres de venelles.



« On cible une clientèle piétonne. » Pascal Cantenot, PDG de La Panière. © La Panière

Un maillage interne qui a retenu l’attention du PDG de La Panière. « On cible une clientèle piétonne, j’ai donc visé le centre des flux. La boulangerie est au croisement de l’avenue [de l’Étang] avec les bus et les voitures et d’une rue piétonne. Toute personne qui rentre dans le quartier est censée passer devant ». Le quartier est pourvu de plusieurs parkings souterrains, celui de l’îlot des Fabriques réserve un étage aux visiteurs, vous pourrez vous y garer si vous venez en voiture. Au total, les parkings comptent 2 600 emplacements vélos et seulement 1 750 places pour les véhicules, un nombre inférieur à la norme rendu possible par la suppression de la privatisation, qui a su convaincre. « Au début, relate Paula Duarte, les locataires trouvaient ça curieux, mais maintenant ils trouvent ça pas si mal, car ça évite des parkings extérieurs pas jolis. Et puis quand on va à l’école, faire nos courses, on traverse en toute sécurité. Le côté écologique, on en est fier et on est content de la sécurité qui va avec. »

Une bulle agréable où il fait bon se promener et vivre été comme hiver. Les bâtiments de bureaux sont rafraîchis et chauffés par des pompes à chaleur alimentées par une électricité labellisée Naturemade Star et connectées au réseau Génilac, géré par le Service industriel de Genève, qui utilise l’eau du lac Léman. Mais l’effort ne s’arrête pas là. Les habitants, d’ores et déjà invités à diminuer l’utilisation de la voiture, sont aussi encouragés à suivre leur consommation énergétique. Ils peuvent la consulter à tout moment via l’écran esmart monitoring fixé dans l’entrée de leur appartement et ainsi comparer le décompte des kilowattheures dépensés de mois en mois.

Loin du tout bétonné, un quartier arboré à l’esthétique travaillée

Le District, Quartier de l’Étang. © David Mayenfisch

L’optimisation énergétique des bâtiments ne saurait aller sans une valorisation des espaces verts. Loin du tout bétonné à l’horizon barré, le Quartier de l’Étang offre des vues sur le Salève, le Jura, le parc des Tritons et, au sein de ses îlots, sur une pinède ou encore un verger. Le coeur de l’îlot L’Édifice est d’ailleurs l’endroit coup de coeur de Paula Duarte et Soner Yilmaz. « La végétation a beaucoup poussé depuis notre arrivée. On a même pu cueillir des cerises, des coings, des pommes, des figues ». Une nature bien présente qui se retrouve dans les jardins suspendus de l’Îlot Les Atmosphères, l’avenue de l’Étang avec ses arbres plantés entre les enseignes commerciales et les dessins reproduits sur les murs des allées.

Un nouveau centre-ville pour Genève ?

Une vie locale déjà bien animée

Le Café des Possibles, Quartier de l’Étang. © David Mayenfisch

« On croise les voisins dans les allées, en été au coeur des îlots et le mercredi au marché Place de l’Étang », racontent les deux habitants de l’îlot L’Édifice qui voient chaque jour leur quartier davantage s’animer. Aujourd’hui, la vie commerçante se met en place et les aires de jeux se remplissent à la sortie des classes. Allées des nénuphars, dans l’école des Tritons se trouve un autre point de rencontre apprécié : le Café des Possibles, un espace réservé aux familles où s’organisent entre voisins des fêtes annuelles et interculturelles. « La dernière était sur l’Italie, l’Espagne et le Portugal, détaille Paula Duarte, la prochaine sera sur Halloween. »

« On attend l’arrivée des entreprises avec impatience »

Denner, La Fabrique Est, Quartier de l’Étang. © David Mayenfisch

Les locataires sont vraiment contents », se réjouissent les concierges. À La Panière, l’un des premiers commerces à avoir accueilli les nouveaux riverains et actifs du quartier, en septembre 2022, « on attend l’arrivée des entreprises avec impatience, confie son PDG. Les perspectives sont plutôt bonnes en termes d’implantation d’activités tertiaires, mais il y a aussi un nombre incroyable de restaurants qui doit ouvrir. » Parmi les sociétés annoncées : la Banque Edmond Rothschild et ses 800 salariés à la rentrée 2024. Est-ce que le Quartier de l’Étang sera attractif ? S’il est impossible de prédire l’avenir, il est en revanche possible de faire un état des lieux de ce qui a été mis en place en vue d’atteindre cet objectif. Retrouvez dans la même série « Regards », le 2e épisode : le pilote de la construction et le Quartier de l’Étang.