Îlot Terreaux-Mauborget – Interview de Patrick EATON

12 mai 2022

Îlot Terreaux-Mauborget – Interview de Patrick EATON

Photographies ©architectes.ch/Adrien Barakat.

Bonjour M. Patrick EATON, pouvez-vous nous parler de votre parcours en quelques mots ?

Patrick EATON : Avec plaisir. Mon parcours est un peu atypique. J’ai tout d’abord commencé mes études par un apprentissage de dessinateur en bâtiment et je me suis très rapidement aperçu qu’il me manquait quelque chose. J’ai donc poursuivi mes études pour devenir architecte HES. Ne pouvant pas me permettre de reprendre les études à plein temps, j’avais opté pour la version cours du soir, ce qui a été très difficile mais pas inintéressant ! Travailler la journée dans un bureau d’architecture apportait une autre dimension à mes études. Après quelques années dans la vie active, en pleine période de crise du bâtiment dans les années 1990, j’ai eu l’opportunité de trouver une place au sein de l’État de Genève, au service des autorisations de construire en tant qu’inspecteur de la construction.

Après 9 ans de service à l’État, mon dernier patron, M. Pierre BOSSON qui avait été fraichement engagé, m’a proposé un poste à la Caisse de prévoyance de l’État de Genève pour la gestion du patrimoine immobilier en tant qu’architecte adjoint au chef de service.

8 années après, M. Christian VALLIER est venue me chercher pour l’épauler dans son service des travaux au sein d’Urban Project SA, anciennement Privera Construction Management.

 

Comment le projet de Terreaux-Mauborget à Lausanne est-il entré dans votre vie professionnelle ?

Patrick EATON : En 2012, j’ai été engagé en qualité de Sous-directeur construction – EG, pour gérer les travaux du parc immobilier du groupe et, de fil en aiguille, pour gérer les travaux de cet ilot et établir les plans d’exécution du projet, en étroite collaboration avec l’architecte mandaté pour ce projet, M. Ali SQUALLI du bureau Squalli Architectes. Très vite, l’autorisation a été délivrée et nous nous sommes investis à 200% pour démarrer les travaux au plus vite.

 

Vous avez donné 9 ans de votre carrière à la rénovation de l’ilot Terreaux-Mauborget. Quel a été votre rôle dans ce projet ?

Patrick EATON : J’ai eu une double casquette, la première était celle de RMO (Représentant du Maître de l’Ouvrage), et la deuxième celle d’architecte-directeur des travaux. Ce double rôle a été un chalenge pour moi, car il a toujours fallu peser le pour et le contre, choisir les meilleures solutions et le bon équilibre entre l’aspect financier et l’architecture.

De manière générale, j’avais en charge la gestion financière, la gestion des coûts et celle des entreprises.

J’ai également coordonné toute la partie « administrative », comme les relations avec les autorités locales, le service d’architecture de la ville de Lausanne, le service des Monuments Historiques du canton de Vaud et la sécurité des chantiers.

 

Quelles ont été les grandes étapes de réhabilitation de l’édifice ?

Patrick EATON : L’ilot Terreaux-Mauborget a été édifié au tournant du 20e siècle et est constitué de cinq édifices. Les travaux se sont réalisés en 2 phases.

La phase 1 a consisté en la rénovation des bâtiments en périphérie du quadrilatère, soit au total 9 allées.

Celle-ci a été réalisée en 4 étapes d’échafaudage, afin de contenir la gestion financière et la gêne auprès des locataires.

La phase 2 a consistée au réaménagement de ce qu’on appelait autrefois « Kursaal-Théâtre des variétés » en une surface commerciale et la rénovation des deux bâtiments au centre de l’ilot. Cette phase a été réalisée en 2 étapes d’échafaudage.

 

Quelles ont été les principales difficultés de ces différents chantiers ?

Patrick EATON : La principale difficulté a été la durée des travaux. Garder le rythme, l’esprit créatif, sans que les entreprises s’étouffent en entrant dans des travaux répétitifs ou rébarbatifs.

La gestion des locataires a également été un enjeu majeur. Pour cela, j’ai eu l’entier soutien de la gérance, Privera SA, et plus particulièrement celui de Mme ASTOLFI, qui a fait preuve d’un grand professionnalisme.

Un autre défi a été l’installation de chantier. Quand on voit l’envergure des travaux, le seul espace de chantier que nous avions à disposition était la cour qui est de la taille d’un mouchoir de poche. C’est peu pour effectuer des travaux hors du communs, comme par exemple la réfection complète des canalisations au sous-sol du Kursaal, l’hélitreuillage des appareils de ventilations, de désenfumage ou encore la modification lourde de la façade sur cour du Kursaal.

 

Quels ont été les plus beaux moments de cette réhabilitation ?

Patrick EATON : Le plus beau moment a bien évidemment été la dépose de l’échafaudage, le résultat final. Après un ravalement des façades, une rénovation complète des toitures et la création d’appartements dans les combles, l’ilot brillait comme un sou neuf !

Nous n’avons pas été en reste avec le résultat intérieur de la transformation du Kursaal, qui a conservé son balcon, sa scène et ses escaliers. La coupole qui coiffe l’ancienne salle baigne le lieu d’une harmonieuse luminosité.

 

Comment la population a-t-elle réagie à cette rénovation ?

Patrick EATON : Après les travaux, nous avons eu un salut assez ferme des autorités et de la population, tout d’abord après la dépose des échafaudages de la phase 1, puis avec l’inauguration du concept store de Coop, Fooby, dans la surface commerciale.

 

Après 9 ans de chantier, le projet de l’ilot Terreaux-Mauborget est achevé. Quel effet vous procure la concrétisation de ce projet ?

Patrick EATON : Une très grande satisfaction, d’une part par la qualité du travail réalisé par les entreprises et la chance de ne pas avoir eu de problème grave pour une réalisation aussi longue et complexe. Pour ne citer que les principaux acteurs, nous avons été ravis de travailler avec Axe Charpente SA (le charpentier), Coufer Lausanne SA et Forney Roland & Fils SA (les couvreurs-ferblantiers) et Bertholet + Mathis SA (maçon). Ces derniers ont effectué un travail hors pair, et pour les deux premiers, selon les qualités historiques et exigence des Monuments Historique de la ville de Lausanne et du Canton de Vaud.